Au fil des années, les oeuvres de François-Joseph Gossec sont révélées par l'enregistrement et, peu à peu, se précise la place importante que tint ce compositeur d'origine wallonne dans la vie musicale parisienne à la fin du XVIIIe siècle. Né à Vergnies dans le Hainaut, Gossec fut formé à Walcourt et Maubeuge avant d'être, à huit ans, chantre de la Cathédrale d'Anvers où il travailla sous la direction du maître de chapelle d'origine liégeoise, André-Joseph Blavier. Cette rencontre fut déterminante car le maître sut percevoir chez l'élève un talent suffisant pour l'envoyer de suite à Paris au lieu de lui faire faire l'incontournable voyage d'Italie qui était le passage obligé de tout jeune musicien du temps. À Paris, Gossec fut au service de Le Riche de la Pouplinière dont on sait combien le mécénat - et l'orchestre dont il disposait - fut important par rapport au développement de la musique symphonique en France à cette époque. Au nombre des musiciens qu'il lui fut donné de rencontrer figurait Johann Stamitz, détaché de Mannheim pour assurer la direction de l'orchestre de Le Riche de la Pouplinière. Gossec succéda à Stamitz lors du retour de ce dernier pour Mannheim. Gossec travailla ensuite pour les Princes de Condé et de Conti. En 1769 furent publiées les symphonies dont celles qui figurent sur ce disque. Sans doute pour figurer au programme du "Concert des Amateurs", tout récemment fondé et dont Gossec assurait la direction musicale. Ce sont de belles pages, d'une écriture sereine, animées d'un souffle expressif qui n'est pas sans évoquer l'école de Mannheim. Leur coupe est simple, leurs mouvements limités à trois et la thématique en est vive et joyeuse. Quelques accents plus sombres nimbent le curieux Lamentabile qui ouvre la Cinquième symphonie de cet opus XII. L'ensemble "Les Agrémens" nous offre une interprétation parfaite pour découvrir ces musiques dont il souligne les élans fiévreux ou la fraîcheur alerte. Son chef, Guy Van Waas, est en outre le soliste d'un Concerto en Si bémol majeur pour clarinette et orchestre de Johann Stamitz qui, dans le lien spirituel qui unit le maître de Mannheim à Gossec, trouve ici une juste place et constitue un attrait supplémentaire pour ce disque qui éclaire d'un jour nouveau notre connaissance de la musique "symphonique" en France avant les grands bouleversements de l'ère romantique...
Gossec: Symphonie n°5 en mi bémol majeur, op. 12
Symphonie n°1 en ré majeur, op. 12
Symphonie n°3 en ut majeur, op. 12
Stamitz: Concerto pour clarinette & orchestre en si bémol majeur
Les Agrémens
Guy van Waas, direction