Chœur de Chambre de Namur
Clematis
Leonardo García Alarcón
A l’apogée de la Renaissance, l’œuvre de Roland de Lassus associe fréquemment l’émotion de la musique profane aux compositions sacrées. Avec leurs connotations érotiques, les textes du Cantique des Cantiques sont une source idéale pour réunir les sentiments sacrés et profanes. C’est au départ de sa plus célèbre chanson que Roland de Lassus écrit l’une de ses messes unitaires Suzanne un jour et avec le magnificat qu’il écrit sur le madrigal Ancor che col partire de De Rore. Sont réunies ici deux compositions religieuses dont les thèmes sont empruntés à des évocations de troubles amoureux."
Fidèles, réjouissez-vous et exultez ! En deux mois, trois nouveaux disques du génial chef baroque argentin Leonardo García Alarcón sont annoncés : ce programme choral consacré essentiellement au Cantique des cantiques et à la Messe « Susanne un jour » de Lassus ouvre le bal. Suivront, fin octobre, un disque Alpha d’oeuvres de Monteverdi, Les sept péchés capitaux, puis, chez Ricercar à nouveau, un CD Mozart. Avec le monde de Roland de Lassus, García Alarcón abandonne les affects de Monteverdi et Cavalli, qui sont à la musique ce que le Caravage est à la peinture, pour la quintessence de la polyphonie flamande. García Alarcón réussit, dans ces motets, le miracle d’allier épure et incarnation. L’accompagnement instrumental du Cantique des cantiques, simple soutien harmonique, est judicieusement discret. Le chef se défait évidemment de ce fruit orchestral défendu dans le magnificat et la messe. Envoûtant.
- Christophe Huss, Le Devoir, Québec 14/10/2016
Le chef argentin Leonardo García Alarcón et le chœur de chambre de Namur sont ce mois-ci au cœur de l’actualité en lançant la nouvelle saison de l’Opéra de Paris avec Eliogabalo. La première production d’un opéra de Cavalli au Palais Garnier fait effectivement grand bruit et pourrait faire quelque peu oublier la sortie de leur disque Canticum Canticorum consacré à la polyphonie flamande de Roland de Lassus. Spirituel tout autant que sensuel, cet enregistrement fait partie des belles révélations de la rentrée.
- Charlotte Saulneron-Saadou, Resmusica,
16 /09/2016
Le dialogue érotico-spirituel du Cantique des cantiques inspira un recueil de vingt‑neuf motets à Palestrina, partition majeure et servie par une belle discographie. Roland de Lassus n’y puisa que huit pièces: Leonardo García Alarcón réunit cette demi‑heure de musique, à laquelle il ajoute la messe de Lassus sur sa propre chanson Susanne un jour, et un rare Magnificat sur le madrigal Ancor che col partire de Cipriano De Rore. L’album prolonge ainsi celui qui pistait, chez le même éditeur, les migrations et les métamorphoses de ce « tube » de la Renaissance. (...)
Les instruments (hormis l’orgue) ont pris congé quand le ténor entonne le Magnificat, alternance de plainchant et de polyphonie à cinq ; le beau matériau mélodique du madrigal Ancor che col partire, ses dialogues entre les registres vocaux extrêmes et l’accélération contrapuntique de sa conclusion, offrent à Lassus l’amorce d’un contrepoint assez simple et carré. Un modèle de musique de la Contre‑Réforme. La messe de 1577 sur Susanne un jour présente une tout autre ambition, et le choeur de Namur s’y montre particulièrement bien sonnant.
- Sophie Roughol, diapason, 10/2016