Le chant de la terre, Mahler
Un premier grand concert symphonique au Namur Concert Hall. Au programme Mozart et Mahler, deux génies, deux tempéraments.
Par le Belgian National Orchestra, avec Michelle de Young mezzo-soprano, Ben Gulley ténor et Hugh Wolff direction
Wolgang Amadeus Mozart Symphonie n° 38 en ré majeur dite “Prague” KV 504
Gustav Mahler Das Lied von der Erd
Ce concert illustre le lien étonnant qu’il est possible de tisser entre Mozart et Mahler. Durant ce concert, le jeune homme du XVIIIème flamboyant, fulgurant, et d’une invention quasi divine fera la place au compositeur et chef d’orchestre mystique et torturé. D’ailleurs, celui qui fut le « premier chef d’orchestre moderne de l’histoire » laissa échapper un dernier mot à l’approche de sa mort, un doigt levé dirigeant un orchestre invisible : « Mozart ! »
Tout d’abord, « Prague », la 38ème symphonie de Mozart, une des symphonies les plus abouties du génie de Salzbourg. Mais pourquoi l’avoir intitulée « Prague » ? Au crépuscule de sa vie, la popularité du compositeur déclinait à Vienne. Il donnait moins de concerts, son succès allant toujours décroissant. Mais les Praguois, eux, le portaient toujours en haute estime. Tant et si bien que Mozart, pour remercier la fidélité de cette cité de Bohème, emporta avec lui une symphonie inédite alors qu’il devait s’y rendre pour des répétitions de « Don Giovanni » et des « Noces de Figaro ». Cette musique est donc un message optimiste, puissant et équilibré.
En contrepoint vient résonner la symphonie « Le chant de la terre » de Mahler, une suite de six lieder inspirés directement de poèmes taoïstes et mystiques, qui chantaient la beauté de la Nature et l’éphémère vie des hommes, tous traduits dans le recueil « La flûte chinoise » d’Hans Bethge. Ce recueil passa dans les mains de Gustav Mahler alors qu’il traversait une très grave période de crise familiale (mort de sa fille à quatre ans), personnelle (découverte d’une faiblesse cardiaque) et professionnelle (démission forcée de son poste de directeur de l’Opéra de la Cour de Vienne). Le compositeur a été captivé par « la vision de la beauté éternelle de la terre et de la fragilité de l’homme » exprimée dans ces vers et a choisi six des poèmes pour les mettre en musique.
Une programmation de la Philharmonique de Namur