Cité dans toutes les histoires de la musique comme un important compositeur, nommé comme l’un des créateurs du madrigal italien, connu principalement par le madrigal Il bianco e dolce cigno, et surtout par l’Ave Maria (un faux !) que chantent toutes les chorales d’amateurs depuis l’époque romantique, Jacques Arcadelt n’a pas encore pris la place qu’il mérite dans le monde musical contemporain. Il fut au service des Médicis, de la papauté et des rois de France ; peut-on imaginer un palmarès plus prestigieux ? Les sessions d’enregistrement de ce coffret furent l’occasion de véritables chocs émotionnels ; là, nous avions la certitude que Jacques Arcadelt était un véritable génie et que l’on pouvait si facilement comprendre pourquoi il était apparu à ses contemporains comme un compositeur exceptionnel.
Élevé dans la tradition franco-flamande mais nourri au lait du madrigalisme italien de la Renaissance dès l’âge de dix-huit ans environ, Jacques Arcadelt (1507-1568) nous a laissé bon nombre de splendeurs dont on ne mesure l’importance que depuis bien peu de temps. Saluons donc chapeau bas ce superbe album rassemblant le Chœur de Chambre de Namur, l’ensemble Doulce Mémoire et la Cappella Mediterranea, pour donner non pas une intégrale, bien sûr, des madrigaux, chansons et motets d’Arcadelt, mais un très large choix des plus stupéfiantes parmi ces pièces. Ce sont donc des madrigaux des Premier et Quatrième Livres publiés lors de ses années italiennes vers 1540, des chansons des divers Livres de Chansons publiés vers 1550 à 1565 lorsqu’il vécut à Paris, et des motets de diverses époques de la carrière – surtout italienne, un peu français aussi puisqu’il se déplaça de cour en cour au gré des emplois, des assassinats politiques, des changements d’alliances et, de manière générale, de l’invraisemblable chaos entre les divers pouvoirs de l’époque. En guise de clin d’œil, on entend aussi un Ave Maria« d’après Arcadelt », en réalité un faux de Louis Dietsch, compositeur du XIXe siècle, et le cocasse Ave Maria d’Arcadelt … de Liszt d’après le faux Dietsch, pour orgue seul, un exercice de retour aux sources anciennes comme on aimait à les imaginer à l’époque romantique. On est même en droit de se demander si Saint-Saëns n’utilisa pas la tête du thème principal pour le recycler dans la Symphonie « avec orgue », d’ailleurs. © SM/Qobuz
Détails de l'enregistrement original : Recording: Stavelot, église Saint-Sébastien (Belgium), May 2018 (Motetti) - Abbaye de Noirlac, Centre culturel de rencontre (Cher, France), February 2018 (Madrigali & Chansons)